Mon mémoire universitaire est, à bien des égards, un document fondamental. Relire, plusieurs années après, les écrits issus de ma recherche artistique est une expérience étrange, mais aussi enrichissante. Cela m'amène à constater à quel point cette période a façonné ma pensée. Le projet Queering Bouddha constitue une continuité de cette première recherche artistique.
Pour ceux qui n’ont pas le temps de lire l’intégralité de mon mémoire, voici un résumé de ma recherche artistique universitaire :
Cette recherche, intitulée « Queering les artefacts historiques, quelle histoire Queer ! », propose une relecture des artefacts anciens à travers une perspective Queer, en mettant l’accent sur leur capacité à exprimer, notamment, des notions d’identité et de désir homosexuels masculins. Le terme « Queering », issu des théories Queer des années 1990, consiste à remettre en question les normes hétéronormatives en offrant une lecture alternative.
J’ai sélectionné des artefacts selon des critères précis : ceux qui incluent la représentation d’un genre masculin ou androgyne, qui entretiennent un lien fort avec l’organe masculin, et qui expriment explicitement l’amour ou le désir homosexuel. La recherche s’appuie sur des pratiques artistiques telles que l’imitation, la manipulation et l’utilisation de filtres numériques pour offrir une réflexion contemporaine et intrigante sur ces artefacts. En opérant des transformations sur ces artefacts, cette démarche vise à produire un langage visuel qui interroge le spectateur sur le sens de l’étrangeté.
Je me suis également intéressé à la linguistique et à la manière dont les mots façonnent notre monde, tout en étant le reflet de leur époque. Par exemple, les termes « pédérastrie » ou « homosexualité », autrefois utilisés pour désigner une sexualité perçue comme déviante et perverse, ou encore l’analyse de Michel Foucault sur le « sodomite », un terme historiquement chargé de honte et de condamnation morale par la religion catholique. Les langues évoluent et se transforment : les postmodernistes ont introduit des termes comme homonormativité, empirique, etc. Enfin, la communauté LGBTQ+ a enrichi le langage populaire avec des mots et expressions comme « no tea, no shade », « gagging », « sickening », etc.
Je me suis positionné comme observateur de la culture homosexuelle et, de ce fait, j'ai souhaité mettre en lumière une histoire Queer souvent occultée, marquée par la violence, l’esclavage sexuel et la torture. Bien que de nombreux artefacts documentent des rapports sexuels entre hommes, ils en minimisent souvent les réalités sombres en raison de leur esthétique plaisante. Cependant, même si les homosexuels ont créé un cadre normatif, celui-ci reste, à bien des égards, une cage dorée, où les symptômes de solitude et de dépression sont sans doute beaucoup plus présents que dans d’autres communautés plus normatives.
Comments
Post a Comment